Stage en Bourgogne - octobre 2008
Retrouvez toutes les photos du stage dans l'album de photos "stage en Bourgogne"
C’est sur
que l’association a mis le cap pour son
premier « week-end camp » et plus particulièrement sur le village de
Lugny, dans une ancienne chartreuse entourée d’un immense domaine au feuillage
pourpre et aux plaines de givre vert en ce milieu d’automne. Il y avait même
une petite mare où nageaient deux énormes carpes, saluées chaque matin comme
deux oracles. Un lieu de sérénité idéal pour des pratiquants désireux de
consacrer tout leur week-end à l’exclusivité de la pratique !
« Le silence fait aspirer l’air pur à pleins poumons »
Nous n’avons pas tardé à nous trouver un Dojang
naturel où pratiquer, et… à deux étages ! Un rectangle de verdure bordé de pierres, deux escaliers et une très
longue allée.
Le premier matin d’entraînement commence à travers la
brume qui se lève progressivement. Bien emmitouflés, nous rejoignons la haute
allée de notre Dojang tout trouvé, accompagnés par l’unique écho du léger
craquement des feuilles sous nos pas, d’un air vif et vivifiant, mais aussi
d’un soleil blanc qui découpe déjà le paysage pour y libérer quelques rayons.
Il est 9h - Nous
nous disposons en demi-cercle pour enchaîner les exercices des Moo
Pahl Dang Khum, destinés à la maîtrise et à l’amplification respiratoire ainsi
qu’au renforcement énergétique. La répétition de ces mouvements plusieurs fois
active en douceur notre organisme. L’air s’épanouit en tonicité interne.
De retour à la chartreuse, nous prenons des forces
pour le reste de la matinée. Fabrice se demande encore en souriant à quelles
épreuves il va bientôt nous soumettre…
11h - il décide de nous donner des maîtres muets sur lesquels nous allons pouvoir aiguiser nos « sudo » (tranchant de la main) : les pierres d’un muret. Nous avions fait l’expérience de la résistance du bois avec les casses de planches, nous allions éprouver la dureté avec la pierre… Tous alignés en position de casse, nous ployons tout le corps jusqu’à l’impact et nous trouvons alors dans cette densité intraitable, à la fois l’ivresse d’une sensation mimétique et un nouveau motif douloureux d’humilité. Kyum Som.
11h30 - Le soleil
a largement déployé tous ses feux à présent et se réfléchit en flaques blanches
sur nos doboks.
Nous sommes remplis d’énergie, nous poursuivons donc
l’entraînement par un travail de concentration sur les formes (hyungs) en
cherchant sur le sol irrégulier plus de stabilité. Nous insistons sur les
principes de notre pratique avec l’impression que la nature encourage nos
efforts : libérer les hanches, caler le souffle sur le rythme du combat
imaginaire, puiser la force et la rapidité dans le danjon, centre de l’énergie,
et non dans une crispation des muscles…
Avant la pause déjeuner, nous achevons ce premier
cycle matinal par un travail à deux, face à face, avec des attaques et défenses
codifiées, puis Fabrice ajoute ensuite quelques variantes dans une optique de
combat.
Contre toute attente, nous résistons brillamment à la pente naturelle de l’assoupissement qui suit un copieux repas pour nous diriger, vaillants, vers le lieu de notre perfectionnement.
15h - Fabrice
file devant, il impose une allure soutenue, nous dérivons sur les chemins
forestiers. Après le jogging de mise en jambes, les raffinements de
l’échauffement se précisent : pompes, les jambes appuyées sur les
balustrades en pierre, puis brouette « bourguigonne » le long des
escaliers où l’on descend et remonte sur les mains pendant qu’un partenaire
retient l’autre par les jambes. Moment acrobatique de mémorable
vigilance !
La cadence est donnée, l’après-midi sera dynamique ou
ne sera pas !
Exercices à la raquette et au bâton : développer
des stratégies d’évitement, s’entraîner aux différents sauts. Travail intensif
sur la technique du saut et de la rotation. Ensuite renforcement des abdominaux
par des exercices de poussées.
17h - Exercices de renforcement musculaire des jambes et des bras. Il nous faut maintenir des positions assez basses et faire preuve d’endurance sur des séries de coups de poing. Yonggi et Innae !
18h - La séance
s’achève sur une bonne fatigue et l’heureuse perspective d’une séance de yoga
avec Géraldine. Nous courons nous doucher et enfiler des vêtements confortables
pour nous glisser dans le salon où la cheminée crépite d’un bon feu. Les tapis
sont installés sur le sol, l’atmosphère est très douce à l’intérieur, le soir
est tombé. Nous nous laissons guider par la voix de Géraldine qui, sans nous
montrer les postures, va nous décrire les mouvements à faire. Nous nous
replions en nous-mêmes tout en restant extrêmement conscients de ce qui nous
entoure et du fil qui nous relie tous dans cette pièce, dans cette expérience
commune.
Géraldine a choisi de nous lire un passage concernant
la posture en yoga mais en rapport avec les réflexions sur notre pratique
martiale. C’est un extrait du Recueil de
postures de
la Fédération Nationale
des Enseignants de Yoga,
texte de Ysé Tardan-Masquelier : « Quelques réflexions sur le sens de la
posture » :
« La posture est une
expérience avant d'être un exercice. C'est sans doute ce qui distingue le yoga
d'une gymnastique ou d'un sport, aussi excellents soient-ils. Il y a une
fondamentale différence de visée : les disciplines corporelles ont pour
objectif un savoir-faire, une compétence, des acquisitions, une habileté plus
grande. Elles appartiennent à l'ordre de l'avoir, ce qui ne les empêche
nullement de participer à la construction de l'humain et à la connaissance
qu'il obtient de lui-même et de ses capacités.
Simplement,
la posture relève d'une autre perspective. Elle vise un état. Manière de se
poser plutôt que d'agir, laisser-être plutôt que vouloir-faire, elle sort du
cadre des repères communs où le corps, toujours en mouvement, se porte vers un
but, suit la ligne d'un désir dont il se fait l'instrument et le médiateur.
Elle demande donc une révision radicale de nos habitudes existentielles : en ce
sens, rien n'est moins naturel que le yoga, si par « naturel » nous
entendons un rapport à soi efficace et mesurable, axé sur un résultat. »
Et les postures vont effectivement
nous mettre en présence de cet état d’attention aux endroits stratégiques de
notre corps à la recherche de l’effort « juste ».
Lorsque la séance se termine, nous
prenons le temps d’en discuter, d’échanger nos impressions sur cette
expérience.
Vidés de toutes nos tensions, nous
nous dirigeons, physiologiquement bien disposés, vers la cuisine et les
préparatifs culinaires du soir…
Journée de dimanche
Dès le réveil, nous partons dans
la forêt alentour pour une promenade « respiratoire » d’exploration
avec une bonne cadence ; la campagne est toute perlée de givre, nous
longeons de petits ruisseaux, arrivons au pied d’une plaine reposant à moitié
dans la lumière puis, en redescendant, nous surplombons la chartreuse.
Sur le retour, nous reprenons les
exercices de Moo Pahl Dang Khum en luttant contre le froid
par l’énergie interne activée. Le corps se réveille tranquillement du souffle
aux articulations. Nous rajoutons cette fois quelques exercices de Taï Chi.
Le petit déjeuner finit de nous réchauffer.
10h30 - La matinée est consacrée au travail des
clés, le Hoo sin sul (self défense). Pour bien se les approprier, nous nous
plaçons à tour de rôle à l’intérieur d’un cercle où chacun saisit à une main,
deux mains, par les manches, devant, derrière, puis sur le côté. Ensuite, nous
approfondissons les techniques
standard et non standard de dégagement, de frappe aux points vitaux, de clés
pour immobiliser et contrôler l'adversaire.
Démonstrations de
Fabrice sur toutes les applications possibles de certains mouvements de clés.
Après la pause
déjeuner, nous reprenons le chemin de feuilles jusqu’au « Dojang ».
Il est 15h30 - Nous nous servons
d’une longue allée d’arbres pour travailler les coups de pied. Contrairement au
partenaire, qui peut toujours se déplacer, et sans le vouloir nous faciliter la
tâche au moment de donner le coup, l’immobilité verticale de l’arbre nous
oblige à accentuer l’arrondi de la trajectoire. Nous effectuons en ce sens des
séries d’aneso pakuro chagi et pakeso anuro chagi. Nous passons ensuite aux
branches de sapins pour chercher de la hauteur, l’impulsion verticale. Nous
exécutons alors une série de « idan » (coups de pied sautés) :
aneso pakuro chagi, dollyochagi, yopchagi… 360° ! La cible naturelle nous
incite à nous dépasser et l’expérience reste plutôt concluante même si la
fatigue entraîne à la fin quelques contre-performances.
Un face-à-face achève
ce cycle de sauts pour ajouter aux coups de pied, les défenses appropriées.
17h30 - Nous finissons par quelques précisions
sur les formes et travaillons dans le détail.
Le départ approche, nous
faisons des exercices de stretching, quelques photos et saluons notre Dojang
pour reprendre la route dans la soirée. « Sugo ésseumnida » !
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